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La Lettre du Mardi n° 221 du 31.8.2021

FEDERATION DES MAITRES NAGEURS SAUVETEURS

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 La Lettre du Mardi de notre FMNS

n° 221 du 31.8.2021

 

Lac de BARBAZAN (Haute Garonne) le  20 août 2021 :

Colonies de vacances

encore une noyade mortelle d'un adolescent de 15 ans

-- «qui savait nager»

-- Autopsie : «pas de malaise cardiaque».

-- la baignade était interdite;

Un panneau indiquait «Baignade interdite», mais ces panneaux étaient régulièrement détruits.

            Le 20  août 2021 vers 18h50, un adolescent de 15 ans s'est noyé dans ce lac. Il faisait partie d'une colonie dépendant de la mairie de Toulouse. Les pompiers ont retrouvé, un bon moment après, ce jeune sous l'eau et n'ont pas réussi à le réanimer.

            « Depuis un arrêté municipal de 1976 la baignade est interdite dans ce lac» rappelle la maire de la commune. "Ce lac est un lac d'origine glacière dont nous ne maîtrisons pas le fond. C'est affiché autour du lac mais ce n'est pas respecté. Nous avons de gros soucis pour faire respecter les arrêtés, les affichettes des arrêtés sont régulièrement arrachées. Le lac n'a pas un fond défini, il est très envasé. Un homme s'y est noyé il y a six ans".

Selon la maire, l'adolescent qui est mort noyé savait nager.

La réglementation dangereuse des colonies de vacances

provoque la noyade mortelle de 2 à 4 enfants tous les étés.

Le ministère de l’Education Nationale, signataire de ce texte stupide est aveugle et sourd, alors qu’aucun organisme professionnel des MNS n’a jamais été consulté par ce ministère.

La noyade ces derniers jours au lac de Barbazan appelle notre attention une nouvelle fois sur la réglementation stupide des colonies de vacances et centres aérés. Il ne faut pas s’étonner que bon nombre de parents ne veulent plus confier leurs enfants aux colonies de vacances, et pire, dans certains pays étrangers les gouvernements conseillaient aux parents, dont les enfants viennent en France en groupe, de ne pas les laisser partir avec leurs maillots de bains. Certains affirment que la côte d’Aquitaine est une des plus dangereuses au monde, en raison du nombre de morts noyés.

Analysons ce texte :  l’arrêté du 25.4.2012 (JO 10.5.2012) et ses annexes 2. fiche 2.1 et fiche 2.2. Vous pouvez le trouver aussi avec les autres sports pratiqués en colos dans un des «Dossiers professionnels jaunes de la FMNS» : « Réglementation des sports nautiques dont la natation dans les colonies et centres aérés» pages 3,5 et 6).

Il est à noter que le Journal Officiel a publié ce texte et non ces annexes. De ce fait beaucoup de directeurs de colos et de Bafa ignorent tout de cette réglementation.

Quelles sont les stupidités dangereuses de cette réglementation ?

1°/ L’arrêté du 25.4.2012 article 3 

Le test de natation « Dans les cas prévus en annexe au présent arrêté, ce test peut être réalisé avec une brassière de sécurité». On entend fréquemment des directeurs de colos affirmer «ce test peut être passé avec brassière puisque les enfants ou ados portent des brassières pendant qu’ils font de la voile». Ce raisonnement est stupide et dangereux. En effet quand la séance de voile ou autre sport nautique est terminée, l’enfant qui ne sait pas nager sans brassière, ne va pas garder sa brassière sur le plage au milieu des autres enfants et ados, qui eux savent nager, et n’ont pas de brassière.

RESULTAT l’enfant risque d’être emporté par le courant s’il se baigne (toujours) avec les autres, en dehors de son activité principale. Exemple noyade mortelle d’un enfant à Vallon Pont d’Arc le 15 septembre 2004 et poursuites judiciaires des deux professeurs qui l’accompagnaient.

L’annexe 2 de ce texte fiches 2.1 et fiche 2.2

2°/ La fiche 2.1 (pièce jointe n°2) : Une colonie a le droit de se baigner dans une piscine ouplage surveillée pendant les heures de surveillance. Il n’y a pas grand chose à dire, sinon qu°e les animateurs BAFA doivent être DANS l’eau et que beaucoup de BAFA (ou de BNSSA ou de MNS) ne le savent pas faute de pouvoir consulter cette annexe sur le Journal Officiel. L’enfant qui est en difficultés doit pouvoir être assisté par le BAFA à proximité en lui tendant le bras et non pas attendre l’arrivée du MNS ou du BNSSA, qui aura bien du mal à retrouver le corps dans un lac (voir noyade mortelle le 13.8.2008 à Jausiers (Alpes de Haute Provence)  et condamnations pénales des moniteurs).

3°/ Mais la fiche 2.2 dépasse tout ce que l’on peut rencontrer en stupidité et danger

Le BAFA est en droit de baigner sa colonie dans un lieu qui n’est pas ou qui n’est plus surveillé par une équipe de secours, sans poste de secours, «dans tout lieu de baignade ne présentant aucun risque» : comment un directeur de colo ou un BAFA, sans déclaration ou demande d’autorisation préalable à la mairie, sans qu’il y ait eu une analyse de l’eau, sans connaître la profondeur et la nature du sol ou de la vase, sans connaître les courants peut-il estimer qu’il « n’y a aucun risque identifiable» pour baigner ses enfants ?

RESULTAT : nous avons vu des colonies qui arrivent trop tard sur un lieu de baignade qui n’est plus surveillé : l’heure est passée. Ils baignent quand même leurs enfants qui sont parfois emportés par le courant (exemple baignade en Charente Martime et noyade mortelle ces dernières années). Exemples plus fréquents dans les lacs plus ou moins troubles. Ces encadrants de colonies n’ont alors même pas un poste de secours, même pas une trousse de secours, ils doivent avoir un surveillant de baignade (souvent formé en 8 jours) ou un BNSSA ou un MNS. Quand on connaît le manque de MNS et de BNSSA sur le marché du travail, la plupart du temps, les colos n’en trouvent pas et se contentent d’un SB.

Citons en exemple la ville d’Arcachon (Gironde). Elle a voulu aller plus loin que la réglementation et par arrêté municipal elle oblige toutes les colonies dans la zone surveillée de la plage principale à avoir leur propre surveillant de baignade en plus. L’intention est bonne mais en pratique : les colonies sont éconduites par les BNSSA de la plage car les colos n’ont pas été averties avant la saison pour recruter un SB ou un BNSSA. Pour se baigner ils vont alors se réfugier sur la plage non surveillée de l’autre coté de la jetée Thiers, et là ils n’ont plus aucun surveillant breveté, plus aucune limite de baignade et les enfants tous les étés sont baignés en toute illégalité.

            Nous reprendrons dans notre revue mensuelle support papier «Enseigner et Sauver» l’analyse de plusieurs de ces cas de noyades mortelles d’enfants et d’adolescents en colos. On peut aussi les trouver sur internet à «noyade colonie». Il est temps que ce ministère de l’Education Nationale rédige une nouvelle fois ce texte en consultant enfin notre fédération professionnelle de MNS. J.M.Lapoux FIN